Viva la Mamma ou le Convenienze ed Inconvenienze teatrali raconte l’histoire d’une drôle de débâcle artistique. Au début du XIXe siècle, dans un théâtre de province italienne, un compositeur peine à mettre sur pied sa dernière oeuvre, l’opéra tragique Romolo ed Ersilia, qui doit être représenté le soir même. Les caprices de divas, les disputes de primauté, l’incapacité artistique générale, l’égoïsme et la suffisance des personnages, sans parler de l’extravagance et de la folie d’une matrone protectrice, sont autant d’éléments qui feront tourner au désastre la représentation.
L’opéra caricature à gros traits les problèmes que rencontrent nombre d’opéras : la farce de Donizetti met en scène tant les caprices des premiers rôles et leurs défections soudaines que les problèmes récurrents de financement des théâtres, ainsi que l’ingéniosité dont doivent faire preuve les directeurs de ces maisons. Le grotesque est encore accru par le fait que Donizetti a conçu le personnage de la Mamma pour la voix de basse d’un homme travesti. Par une mise en abîme subtile, les figures typiques évoluant dans le microcosme de l’opéra italien sont joyeusement caricaturées et leurs frasques mènent à des situations hautement comiques. Donizetti a réussi une pièce magistrale grâce à la virtuosité de la composition musicale, qui se parodie elle-même de la manière la plus « buffa ». Tout d’abord conçue et jouée comme une farce en un acte, Donizetti – considéré comme le maître du Belcanto – la rallongea trois ans plus tard en un opéra pour le soir.