Le pari fou de cette pièce ? Raconter la vie de Chaplin en deux heures ! La pièce commence en 1952 à l’Hôtel de Crillon à Paris, avant la présentation du film Les feux de la rampe et s’achève à Corsier-sur-Vevey dans les années 1970. L’auteur et metteur en scène Daniel Colas retrace avec finesse l’épopée Chaplin. Pas seulement celle de l’artiste complet qui sut faire du cinéma son moyen d’expression, mais le trajet de l’homme aussi, né dans la misère, fêté, puis violemment rejeté par l’Amérique réactionnaire des années 50. En une vingtaine de tableaux, sur un plateau épuré où chaque élément de décor et chaque effet de lumière prennent tout leur sens, on replonge avec bonheur dans la vie de ce génie. L’enfance misérable à Londres, l’inventivité de l’artiste, ses femmes, tout est là, incarné avec sincérité et allégresse par une troupe qui déploie une folle énergie. Pour incarner Charlie Chaplin, il fallait un sacré acteur. Daniel Colas l’a trouvé en la personne de Maxime d’Aboville, jeune comédien surdoué– Molière 2015, grâce à son interprétation dans The Servant – étincelant de justesse et de charme dans le rôle-titre. Un spectacle, à mi-chemin entre théâtre et cinéma, tour à tour drôle ou grave, une réflexion sur la liberté individuelle, sur l’humanisme, la tolérance et les paradoxes du génie.
NOMINATION AUX MOLIÈRES 2016 DANS LA CATÉGORIE : CRÉATION VISUELLE