S’inspirant d’occupations historiques de théâtres (l’Odéon en 1968 ou La Volksbühne de Berlin en 2017) et des luttes récentes, la compagnie Courir à la Catastrophe crée une mise en abyme théâtrale qui interroge les liens entre expression artistique et action politique.
Un groupe d’artistes occupe un théâtre sur le point d’être démoli et remplacé par un parking. Soucieux d’empêcher cette destruction, la troupe commence à répéter une pièce qui a justement pour sujet leur intrusion. La petite bande débarque sur scène avec son barda et ses cartons à pizza, comme si elle s’apprêtait à occuper le théâtre en temps réel. C’est un peu l’idée de la pièce : embarquer le public dans une lutte collective, avec une si belle énergie qu’on les suivrait au bout du monde. Sous nos yeux, trois temporalités s’entremêlent. On ne sait plus très bien si l’on assiste à une véritable occupation, aux répétitions d’un spectacle ou à ce spectacle lui-même…
La compagnie, avec son approche unique, invite à une réflexion profonde et continue sur le rôle de l’art dans la transformation sociale et personnelle. Une tentative très réussie et très belle de se réapproprier autrement les lieux pour remettre du politique au centre de nos vies.