En Suisse, l’État a placé et déplacé de force des milliers d’enfants. Officiellement, pour les protéger d’un milieu familial pauvre et violent. Officieusement, pour servir de main d’oeuvre bon marché – et souvent maltraitée – dans les campagnes. Cette pratique a culminé dans les années 50-60 pour cesser au début des années 80.
La Compagnie Kokodyniack, qui travaille sur la question du témoignage et du théâtre documenté, a rencontré un couple dont les enfances ont été ainsi volées. Au détour d’une soirée entre voisin·e·s, dans la bonne odeur de saucisse à rôtir, elle a recueilli le récit de cette femme et de cet homme qui se livraient pour la première fois. Bouleversant, et à la fois teinté d’humour, ce spectacle est le récit de ce récit. Celui de deux résilient·e·s que l’amour a fini par sauver. L’histoire de ces deux personnes, aujourd’hui âgées, est à la fois singulière et locale, riche de vocables et d’expressions romandes. Elle donne l’occasion d’explorer la pauvreté si bien cachée derrière le décor de carte postale qu’offre notre pays, et les mécanismes psychiques de défense et de survie que développent les victimes d’existences malmenées. Leur témoignage devient le lieu de rires et de pleurs, de complicité et de sincérité humaine.