Le Reflet – Théâtre de Vevey ouvre à nouveau ses portes à ce rendez-vous théâtral et gourmand de la mi-journée. En collaboration avec six autres théâtres romands – chacun partenaire d’une compagnie théâtrale – Le Reflet vous propose d’assister à un spectacle tout en dégustant un repas.
Deux allemands réfugiés à Helsinki pendant la deuxième guerre mondiale – des « exilés » – un ouvrier et un physicien, refont le monde au buffet de la gare. Autour de bières, du cigare à la condition des grands héros, ils traverseront les thèmes pour offrir une vision piquante et pertinente de l’époque.
Bertolt Brecht écrit cet essai alors que lui même est réfugié à Helsinki. Une analyse fine, parfois drôle, parfois désabusée, qui résonne encore facilement aujourd’hui.
Profitons de ce temps de midi pour donner la parole à deux exilés (aujourd’hui nous les nommerions « migrants ») qui, grâce à la distance qui les sépare de chez eux – bien que je pense qu’il serait plus juste de dire : « à cause de la distance qui les sépare de chez eux » – offrent un point de vue critique sur leur réalité. Pour des raisons de survie, ils ont été obligés de fuir leur patrie, et le seul lien qu’ils ont encore avec elle, c’est la pensée, la réflexion et les jugements qu’ils émettent à son égard. Jugements, réflexions et pensées souvent forcés, car un individu qui refuse de vivre dans son pays, on lui demande toujours pourquoi. D’eux, c’est une distance temporelle qui nous sépare, leur discours ne convient plus toujours à notre réalité (pour ceux, comme moi, que le mot « réalité » dérange, substituons-le par « quotidien »). Mais cet écart temporel fonctionne pour nous comme leur écart géographique, il nous incite à réfléchir à leur propos, à les comparer à ce « quotidien », à notre « état du monde » et surtout, permet à chacun de se faire sa propre opinion, ce qui laisse dans notre esprit comme un arrière-goût de liberté.