Avec la troupe de la Comédie-Française, Guy Cassiers – figure majeure du théâtre flamand – sublime la langue de Racine dans une mise en scène qui allie classicisme dans le texte et modernité visuelle.
Devenu empereur de Rome à la mort de son père, Titus est sommé de revenir sur sa promesse de mariage faite à Bérénice, car le Sénat réfute toute union avec une reine étrangère.
La mise en scène oppose une Bérénice forte aux lâchetés de Titus et de son ami Antiochus, également épris d’elle. Ce sont deux hommes de pouvoir qui se présentent en victime de la situation. En choisissant de faire interpréter ces deux personnages par un seul acteur, le metteur en scène éclaire leurs comportements en miroir et plonge la scène dans le désordre des perceptions. On entre dans l’ombre de leurs pensées, tandis que l’entièreté du plateau plonge dans la fantasmagorie, pour mieux faire écho à une Bérénice perdant toute emprise sur la réalité. Cette pièce ouvre de multiples voies de réflexion, portées par Guy Cassiers, sensible à la dimension humaine présente dans la littérature, et dont le théâtre interroge l’histoire européenne et la prégnance des discours politiques.